Après la lionne de Clisson, le deuxième article de la série sur les femmes pirates sera consacré à une pirate française : Anne Dieu-le-veut.
Un début de vie méconnu
Anne vient au monde à Gourin en Bretagne le 28 août 1661. La première partie de sa vie reste méconnue. Sa légende commence entre 1665 et 1675 quand elle est déportée sur l’Île de la Tortue, probablement en tant que criminelle.
Femme de boucaniers
En 1684, elle épouse le boucanier Pierre Lelong. Ce français, né vers 1650, est le premier à s’installer avec une dizaine d’hommes sur les hauteurs de ce qui s’appellera Cap-français (désormais Cap-Haïti). Pierre Lelong lors de son passage sur l’Île de la Tortue a appris la piraterie mais aussi la culture du manioc et du coton. Il deviendra un des plus riches propriétaires de Cap-français. Une petite fille, Marie-Marguerite Yvonne Lelong, naît de l’union de nos deux boucaniers le 16 février 1688 à Morlaix. Toutefois Pierre Lelong décède lors d’une rixe le 15 juillet 1690 à Saint-Domingue.
En 1691 elle épouse Joseph Chérel, mais ce dernier décédera en 1693.
Rencontre avec Laurent de Graaf
Laurent de Graaf est un flibustier hollandais qui fait parlé de lui. Il était vêtu élégamment, portant des pourpoints de dentelle et emmenait sur ses navires un orchestre. Avec l’aide d’autres flibustiers, il pille Veracruz et fait 4000 prisonniers. en qui pris la nationalité française en 1683. Deux ans plus tard, il pille la ville de Campeche et gagne le protection du gouverneur de Saint-Domingue. Il est naturalisé français avec sa femme peu de temps après.
En 1693, après la mort de son deuxième mari, Anne provoque en duel Laurent de Graaf en se rendant chez lui afin de venger son mari. De Graaf sort alors son épée tandis qu’Anne dégaine son pistolet. Sous le charme du courage d’Anne, de Graaf abandonna prétextant ne pas combattre contre des femmes et demanda Anne en mariage. Après avoir obtenu l’annulation de son premier mariage, Laurent de Graaf épousa Anne en juillet 1693. Un an plus tard naquit Marie-Catherine de Graaf, qui une fois adulte défiera en duel un homme qui l’avait courtisé avec trop d’insistance.
Anne Dieu-le-veut
Anne accompagnait son mari en mer et prenait part aux abordages ainsi qu’au commandement. Contrairement à la plupart des femmes pirates, Anne ne cachait pas sa féminité. À contre courant des superstitions de l’époque, l’équipage considérait Anne comme leur mascotte porte bonheur et lui réservait sa part de butin. Elle est décrite comme brave, dure et implacable et devient connue sous le nom d’Anne Dieu-le-veut.
En 1695, Anne et ses enfants sont capturés lors de l’attaque de Port-de-Paix à Saint Domingue par les Anglais en représailles des raids des flibustiers français en Jamaïque. Ils sont retenus en otage pendant trois ans avant que la France ne les fasse délivrer.
La libération d’Anne et de ses enfants est la dernière mention connue de son nom à l’exception de sa date de mort. Sa fin de vie ainsi que celle de Laurent de Graaf est méconnu. Ils décéderont tous les deux à Cap-français en 1704 pour de Graaf et 1710 pour Anne.