Dunkerque, la pirate

Cet article ne fait évidemment pas partie de la série sur les femmes pirates. Dunkerque n’est pas une femme, mais une ville. J’en profite pour vous informer que vous pourrez découvrir la vie de la célèbre Mary Read dans deux semaines.

Pourquoi un article sur Dunkerque ?

C’est l’élément qui unit mes deux livres. J’admets que ça ne saute pas aux yeux, car leurs univers sont très différents. « Les pirates du Tobiuo Noir » raconte l’histoire d’une jeune fille à peine entrée dans l’adolescence qui se retrouve emportée dans une jonque pirate. C’est un univers de pirates en Asie avec un caractère historique. Le roman à venir se déroule en France dans la première moitié du XVIIème siècle et fait appel au merveilleux.

Vous ne voyez toujours pas le point commun ? Je vous l’ai dit : c’est Dunkerque. Dans la première moitié du XVIIe siècle, cette cité portuaire est l’un des plus grands repaires de corsaires sur le sol européen.

Maintenant que le jeu de piste est fini, passons à l’histoire de la course dunkerquoise.

www.nmm.ac.uk / Reinier Nooms

Une position géographique stratégique

Dunkerque, l’église de la dune en en vieux néerlandais, s’est construite à l’Ouest d’un banc de dune à proximité des grandes routes commerciales. Située au point le plus étroit de la mer du Nord, elle possède la capacité d’intercepter les navires marchants hollandais ou anglais. Sans compter que ses bancs de sables fossilisés forment un piège naturel protégeant le port contre les bateaux ennemis.

Une ville convoitée

Cet emplacement stratégique suscite de nombreuses convoitises. Dunkerque est disputée entre l’Espagne, les Provinces-Unies, l’Angleterre et la France pendant plusieurs siècles. L’enjeu militaire est de taille. En effet l’intérêt de Dunkerque ne réside pas uniquement dans sa proximité avec les routes commerciales, elle est aussi un avant-poste catholique au contact des terres protestantes.

La naissance des corsaires dunkerquois

Depuis la fin du Moyen-Âge, Dunkerque vit essentiellement du commerce et de la pêche. Ainsi l’arrêt du commerce avec l’Angleterre durant la Guerre de 100 ans avait provoqué une révolte de la population contre le Comte de Flandres. Quand arrive la guerre du Habsbourg contre le roi de France François 1er au début du XVIème siècle, les pêcheurs dunkerquois sont alors attaqués par les corsaires français. La situation économique de la ville devint difficile. En réaction le magistrat de Dunkerque prend la décision d’armée des bateaux pour rançonner des navires marchands. Ce sont les prémices de la course dunkerquoise.

En 1557, le port accueille même la flotte espagnole. Cependant en juillet 1558 Dunkerque est prise par les français et mise à feu. Le sceau de la ville détruit par le feu est modifié : un marin à l’allure de corsaire remplace le poisson. En 1559 Dunkerque redevient espagnole et subit les attaques des « Gueux de la mer », des marins venus des terres protestantes contestant l’autorité de l’Espagne catholique aux Pays-Bas. Les marins dunkerquois abandonnent une pêche devenue impossible et se tournent vers la course.

Soutenu par le royaume d’Espagne et équipés par des armateurs privés, les premiers corsaires dunkerquois commencent à attaquer les navires anglais, hollandais et français. Les dunkerquois utilisent des frégates, un type de navire léger et très manœuvrable, qui permet d’échapper aux navires de guerre trop lourds pour éviter les bancs de sables protégeant Dunkerque.

La coopération avec la marine espagnole est fréquente. Les corsaires dunkerquois participent notamment à la bataille de Downs au côté de l’Espagne contre la flotte hollandaise.

Dunkerque l’imprenable

Le 27 octobre 1662 une page se tourne : Dunkerque cesse définitivement d’être espagnole. Louis XIV la rachète aux Anglais. Vauban, Louvois et Colbert se chargent alors de fortifier le port tandis que Louis XIV encourage la course à Dunkerque. La ville devient le plus grand port de guerre de France. C’est l’époque qui verra s’illustrer Jean Bart. Dunkerque est alors imprenable par la mer protégée derrière les fortifications de Vauban et défendue par ses vaillants corsaires.

La fin de la course

En 1713, le Traité d’Utrecht signé par la France exige la démolition des fortifications et de combler le port. Malgré une exécution partielle de cette clause, le traité met un terme à la course à Dunkerque.

Les corsaires dunkerquois ont eu un pouvoir considérable sur la mer du Nord et le commerce européen. Toutefois leur aire d’influence fut limitée. En effet sujets de la couronne espagnole durant le développement de la flibusterie, ils furent peu présents dans les Caraïbes. La piraterie de cette partie du globe étant essentiellement anti-espagnole. Le traité d’Utrecht en 1713 mit un terme à leur activité alors que s’ouvrait l’âge d’or de la piraterie.

 

 

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