Pour ce mois de l’écriture, le forum des lecteurs de la Fnac propose un défi quotidien du 1er au 21 novembre. Il s’agit d’écrire un petit texte comprenant un mot imposé entre 250 et 750 signes. J’ai décidé de participer à ce jeu afin de mettre en place une habitude d’écriture.
Les membres de l’équipage recevront chaque jour ma composition de la veille. Je les posterai également sur Facebook et Instagram. Cet article sera mis à jour tout au long de ce défi.
Bonne lecture !
Génie
La pluie d’automne tombait en rythme régulier. Le vent avait éteint la bougie de la citrouille édentée qui reposait sur l’appui de fenêtre. Dans mon bureau, la boisson chaude était prête et l’encens diffusait une odeur de patchouli. Mon plaid sur les épaules, j’étais prête. Le premier jour du défi d’écriture était arrivé avec le premier mot dévoilé. Je n’avais plus qu’à m’asseoir face à mon cahier, saisir ma plume et laisser mon génie me souffler l’histoire à raconter.
Incandescent
Le feu crépite dans la cheminée. Emmitouflée dans de laine de la tête au pied, la chaleur de ma tasse se diffuse dans mes mains malgré les mitaines. Je suis perdue dans la contemplation de la danse du feu. Petit à petit, mon esprit s’échappe face à cette merveille et je ne sais plus si les volutes de fumée proviennent du chocolat chaud ou de mon imagination. Est-ce vraiment l’aspiration du conduit de la cheminée qui entretient les flammes ? Ces craquements, la bûche qui se fend… Cet âtre pourrait bien être la demeure d’une salamandre ! Ou celle d’un petit dragon ? Ce sont leurs souffles qui maintiennent ce foyer incandescent, et cela pour mon plus grand plaisir !
Cirrus
– Les nuages peuvent se classer selon leur altitude…
La voix du professeur se fit distante, Nina avait perdu pied. Son esprit s’était envolé. Dépassant le brouillard et les stratus, Nina jouait à saute-mouton parmi les cumulus puis elle s’éleva. Là, parmi les altocumulus, elle joua à cache-cache avant de traverser un altostratus et d’atteindre la couche la plus haute, celle où vivent les cirrus. Il faisait froid et se fondre dans les nuages n’était plus aussi amusant, car ceux-ci se composaient de glace. C’est alors que le pied de Nina fut happé par un cumulonimbus ! Prise dans une spirale descendante, elle fonçait droit vers le terre ferme ! Le tonnerre gronda, Nina cria et tomba… nez à nez avec le regard furieux du professeur.
Obsidienne
Le coeur battant, je jetai un oeil en dehors de ma cachette. Les alentours semblaient déserts. Le silence régnait en maitre et, malgré mes efforts, mes pas résonnèrent dans ce dédale creusé dans l’obsidienne. Il était là ! Je l’avais trouvé ! Des pièces, des rubis, des émeraudes, des colliers de diamants ! S’étalait devant moi le trésor volé des siècles auparavant au royaume par les armées voisines. Elles n’avaient jamais franchi les montagnes et le butin avait été perdu. J’amassai dans mon sac tout ce qui se trouvait à portée de ma main. Puis le sol trembla. Les joyaux glissèrent et, la gueule fumante, un dragon apparut.
Coquelicot
L’automne était en train de s’installer. Le vent soufflait, les arbres étaient presque nus et le chat ne souhaitait plus sortir. Rosalie observait la pluie tomber sur les chrysanthèmes.
Elles sont élégantes, pensa-t-elle. Mais il n’y a pas à dire, je préfère les coquelicots ! Avec leurs pétales délicats, ils ont une légèreté qui sied avec l’été. Et ce rouge ! Qui illumine prairie et champ de blé ! Dis, joli mois de mai, quand reviendras-tu ?
Cercle
Les passants formaient un cercle disparate autour de la troupe. Vanina dansait sous les yeux émerveillés. Elle manipulait un sabre oriental avec des gestes fluides et lestes. Le côté martial avait laissé place à l’art. Après les applaudissements, Ismaïl s’avança et cracha du feu. Des exclamations s’élevèrent et certains reculèrent, brisant la ronde créée plus tôt. Le tonnerre gronda. Tous coururent s’abriter. L’ondée se déversa, dessinant de multiples petits cercles sur le bitume. Sa participation au spectacle.
Moucharder
Maxime faisait les cent pas, se rongeant les ongles et se grattant la tête. Que devait-il faire ? L’entreprise de sa copine Miranda lui semblait périlleuse. Il craignait qu’un malheur lui arrive et songeait à tout dévoiler aux adultes. Miranda lui en voudrait à coup sûr ! Ce serait une trahison ! Il perdrait son amitié. Oui, mais c’était pour son bien, sa sûreté ! L’intrépide jeune fille lui en tiendra-t-elle rigueur à vie ? Devait-il moucharder et garantir sa sécurité ? Ou être digne de sa confiance et attendre dans l’angoisse ? Là était la question.
Ordalie
Josep s’avança vers le prêtre. Judith réprima ses larmes. Allait-il s’en sortir ? Ou allait-elle perdre l’amour de sa vie ? Si seulement ils ne s’étaient pas rencontrés, s’ils n’étaient pas tombés amoureux, si elle n’était pas de lignée noble et lui roturier, s’ils n’avaient pas été dénoncé !
Josep défendit la justesse de leur sentiment. Un brouhaha s’éleva. Le prêtre prit la parole :
– Si telle est la volonté de notre déité, je prononcerai moi-même ce mariage. Que l’ordalie commence !
Judith sentit ses forces l’abandonner. Josep saisit la barre de fer chauffée à blanc et fit sept pas. Sa main fut bandée et la foule se dispersa. Dans trois jours, si la plaie avait cicatrisée, Josep et Judith seraient unis. Sinon Josep serait pendu.
Scorpion
Lucille sortit de sa rêverie. Une boutique qu’elle n’avait jamais remarquée se tenait à sa droite. Pourtant, elle empruntait ce chemin quotidiennement. La façade était ancienne et des bibelots variés étaient exposés. Probablement un antiquaire.
Lucille entra. Un capharnaüm. Malgré la petite taille, des étagères en ferraille dessinaient plusieurs allées. Une odeur d’encens se diffusait dans l’air. Lucille flâna dans les rayons : parchemins avec des hiéroglyphes, scorpions ou araignées dans des bocaux, têtes réduites ou encore des attrapes-rêves. Où avait-elle mis les pieds ?
Gourmandise
Gamine ou adulte,
On craque encore pour elle.
Uniquement par plaisir !
Rarement par véritable faim !
Mais est-ce vraiment grave ?
Après tout, une de temps en temps…
Ne les écoutez pas !
Dire que c’est un vilain défaut…
Ils sont juste aigris et jaloux !
Si je vous en propose une,
Est-ce que vous me suivez ?
Adamantin
Les yeux de Diana s’émerveillaient. Elle avait hésité à suivre sa jeune soeur dans le puits, mais désormais elle comprenait pourquoi celle-ci tenait tant à lui montrer cet autre monde. Difficile de croire qu’on était sous terre. Des arbres majestueux étalaient leurs branchages au-dessus de parterres de fleurs colorés. Une voûte étoilée illuminait l’endroit. Les bâtiments construits dans un matériau que Diana ne connaissait pas paraissaient générer leur propre lumière. Fiona la tira par la main jusqu’à une cascade dont le jet à l’éclat adamantin alimentait un bassin où virevoltaient papillons, libellules et petites fées.
Cariatide
Victoria progressait dans le conduit dont le diamètre continuait de se réduire. Au moment où elle songea à faire marche arrière, le faisceau de sa lampe frontale éclaira du vide. Une sortie ! Quand sa tête passa l’ouverture, une nuée de chauves-souris se jeta sur elle, avant de s’éloigner. Le sol était à quelques mètres. Elle s’extirpa en passant par la position du poirier. Elle aperçut de la lumière plus loin. Après un rocher, la cité disparue apparut. Victoria emprunta le chemin pavé. Les allées couvertes attenantes ne l’étaient plus vraiment. Les cariatides et les atlantes qui avaient soutenu les toits s’étaient effondrés, cédant face au poids du temps.
Rassembler
Les villageois étaient rassemblés sur la place. L’inquiétude se lisait sur leurs visages. Des soldats barraient les rues. Du haut de son cheval, le chef militaire prit la parole. Ils recherchaient un homme et leur enquête les avait menés ici. Quiconque ayant des informations se devait de les révéler, quiconque en cachait serait châtié. Des murmures s’élevèrent, mais point de réponse. Chaque maison serait fouillée, gare à ceux qui auraient protégé le malfrat ! Trois personnes furent saisies dans la foule pour être soumises à la question. Soudain, une explosion fit tomber les officiels de leurs montures et des silhouettes armées se dressèrent sur les toits. Des cris de joie retentirent. Le Renard était venu les sauver !
Saturne
Allongé dans l’herbe, Isaac regardait les étoiles. La lune était souriante ce soir, et un point rouge se tenait à ses côtés, Mars. Grande ou Petite Ourse, Cassiopée ou encore Orion, Isaac n’en avait que faire. Il savait depuis longtemps reconnaître ces constellations, elles ne le faisaient plus rêver. Ce n’était pas pour ça qu’il était là. Non, il attendait de s’émerveiller devant Saturne ! Oh, Isaac savait où se trouvait la planète… C’était le petit point brillant à proximité de Jupiter. Alors, où se trouvait le problème, me diriez-vous ? C’est que Stellie et son télescope n’étaient toujours pas là ! Or, sans télescope, le système d’anneaux de Saturne était inatteignable !
Talisman
Joanna hurla. De la sueur perlait sur son visage, sa respiration était haletante et ses draps mouillés. L’obscurité l’enveloppait. Elle tâta sa poitrine. Son talisman s’y trouvait bien. Son corps se détendit. Elle chercha son mari de la main, mais cette dernière ne rencontra que du vide. Son sang se glaça. Ses souvenirs lui revinrent. Elle était en déplacement, à l’hôtel, et non chez elle, dans le lit conjugal. Encore un cauchemar. Joanna trouva l’interrupteur mural, elle était seule dans la petite chambre. Elle se passa de l’eau sur le visage, le miroir lui renvoya l’image d’un spectre. Sa peau était blafarde, en contraste avec des cernes violacés et ses cheveux noirs de jais.
Pourpre
Zoé passa les grilles du lycée avec superbe. Tous les regards se tournaient vers elle et les commérages allaient de bon train.
– Alors ? interpella-t-elle un garçon en train de lire sur un banc de la cour.
Ce dernier resta interdit, ne sachant que répondre, et ses joues rosirent. Ce n’était pas son habitude d’être au centre de l’attention.
– Quoi ! reprit Zoé. Tu n’avais pas dit que je n’avais pas assez de pourpre ?
La jeune fille tournoya sur elle-même faisant virevolter ses cheveux désormais teintés. Le lycéen comprit alors.
– Pas le pourpre, mais la pourpre !
Subrepticement
La lune et les étoiles éclairaient la nuit fraîche de cette fin d’automne. Un nuage voila l’astre nocturne, profitant de l’instant, une ombre passa subrepticement la clôture du jardin. Elle se faufila dans la propriété jusqu’au bâtiment principal. Le ninja attendit le moment idéal pour faire coulisser la porte et se glisser dans la chambre. Le seigneur et son épouse dormaient dans leurs futons. Mais son contrat ne les concernait pas. À pas de chat, il s’approcha du sabre japonais trônant sur son présentoir et le déroba.
Soupirer
Le hibou volait à travers la forêt en explicitant au futur mage les règles élémentaires. L’apprentissage serait rude et exigeant, mais peu possédaient la chance d’étudier auprès du plus grand et du plus célèbre enchanteur ! Bientôt, il connaîtrait ces bois et n’aurait plus besoin de guide… attention tout de même… au-delà de cette vieille souche, là où le feuillage des arbres ne permettait pas à la lumière de passer, cette partie obscure était à éviter. Surtout pour un jeune inexpérimenté ! Le grand-duc se retourna pour obtenir l’approbation du novice… il avait disparu ! Une silhouette s’enfonçait dans les profondeurs de la forêt.
– Ah, ces ados… soupira le rapace.
Citrouille
Si les courges resplendissent dans les rayons des magasins, la citrouille reposant sur le bord de ma fenêtre se meurt. Victime de l’humidité, elle s’est affaissée et commence à moisir. Des mésanges viennent la picorer. L’automne se termine tandis que l’hiver s’avance.
La fin du défi approche. Je sirote mon thé le sourire aux lèvres. J’ai tenu bon ! La routine ne s’est pas installée, mon emploi est trop chaotique en ce mois de novembre pour un horaire fixe. Toutefois, j’ai été régulière, appris du vocabulaire et, surtout, je me suis bien amusée !
Banquise
Ce matin-là, je repoussais le moment de me lever, bien au chaud sous ma couette. Le réveil sonna pour la quatrième fois. Je soufflai en constatant l’heure. Dès les couvertures enlevées, je frissonnai. Je me hâtai d’enfiler mes chaussons en laine et de retrouver mon plaid resté dans le bureau. Un coup d’oeil sur le thermomètre m’informa que les températures nocturnes avaient chuté. J’allumai les radiateurs et ouvris les volets. Le jardin s’était mué en banquise tandis qu’un chat s’essayait aux glissades tel un manchot maladroit. L’hiver était là. Mon esprit oublia le froid et les inconvénients du gel, mon âme d’enfant s’envolait. J’imaginais les flocons à venir et, avec elle, le bonhomme de neige qui sublimerait ce paysage blanc.
Éperdu
La brume tomba d’un coup, enveloppant la calèche qui dut ralentir son allure. Le cocher jura. La forêt avait laissé place à un écran blanc et vaporeux, le chemin était à peine visible. Le changement était saisissant. Éléonore observait la scène à travers les vitres du véhicule et se demanda s’ils ne se trouvaient pas dans une boule à neige que quelqu’un aurait secouée. Une corne de brume résonna, des hurlements suivirent, le fouet claqua et l’attelage s’élança dans une course éperdue. Des flèches atteignirent la cabine. Des bruits de sabots se rapprochaient. Soudain, une roue buta sur une pierre, Éléonore fut éjectée tandis que la calèche basculait. Blessée et terrorisée, la jeune fille s’enfuit à travers bois.
N’oublie pas de revenir régulièrement d’ici le 21 novembre pour découvrir les nouveaux textes, ou alors rejoins l’équipage pour les recevoir quotidiennement et n’en louper aucun !